En 2025, le Bois du Cazier souhaite rendre hommage aux cinq ressortissants de nationalité allemande victimes de la catastrophe du 8 août 1956.
Chronologiquement, le narratif démarrera avec le prisonnier de guerre allemand mort par asphyxie en juillet 1946 pour se terminer, bouclant ainsi la boucle, avec les deux Allemands qui, avec une vingtaine d’autres mineurs, ont fait grève au fond de la mine en février 1964 pour ne pas que l’on ferme le Bois du Cazier.
Ces Allemands étaient d’anciens prisonniers de guerre restés en Belgique après leur libération en 1946-47. Le fait que ces prisonniers aient participé, au même titre que les mineurs belges, et italiens par la suite, à la Bataille du charbon lancée dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale par le Gouvernement d’Union nationale d’Achille Van Acker est un épisode souvent ignoré de notre histoire.
Privés de liberté au moment même où s’achevait un conflit long et pénible, préoccupés par le destin de leurs familles, tenaillés par le désir de regagner leur pays, 60 000 Allemands furent ainsi cédés à la Belgique par le Commandement allié en juillet 1945, au titre de « dommage de guerre ».
Mis à la disposition de l’industrie charbonnière afin de retrouver le plus rapidement possible la production d’avant-guerre pour relancer l’économie et relever le pays de ses ruines, ceux-ci se voyaient contraints à une activité pénible et dangereuse à laquelle beaucoup n’étaient pas préparés. La majorité d’entre eux était directement affectée aux travaux du fond, tandis qu’une minorité fut occupée à la production des bois nécessaires au soutènement des galeries et des chantiers. Ces prisonniers allemands avaient été respectivement répartis entre 38 camps de travail dont 32 étaient situés dans les bassins houillers, à proximité des sites de production, et 6 dans les Ardennes, à la lisière des forêts.
Grâce à cet apport en main-d’œuvre, la production totale de charbon, de janvier 1945 à janvier 1946, doubla pratiquement, passant de 1 033 767 à 1 936 803 tonnes. Deux tiers des 900 000 tonnes produites en plus, l’avaient été par ces prisonniers de guerre. Pendant l’année 1946, la production moyenne qui leur est imputable se situe entre 600 et 700 000 tonnes. À partir de mai 1947, elle décroît régulièrement en fonction des libérations successives, et devient nulle à la fin d’octobre.
Ces hommes constituèrent ainsi, sans le savoir, l’avant-garde d’une armée de la paix au service d’une économie de marché. Résonnant aux accents des populations déracinées et brassées au gré des hostilités qui embrasèrent le monde entre 1939 et 1945, cette légion du sous-sol donnera naissance à la CECA et plus tard au Traité de Rome.
Exposition visible du 21/05 au 05/10.