« La mission d’un musée est d’acquérir, de préserver et de valoriser ses collections afin de contribuer à la sauvegarde du patrimoine naturel, culturel et scientifique. Ses collections constituent un important patrimoine public, occupent une position particulière au regard de la loi et jouissent de la protection du droit international. À cette mission d’intérêt public est inhérente la notion de gestion raisonnée, qui recouvre les idées de propriété légitime, de permanence, de documentation, d’accessibilité et de cession responsable. »
(Code de déontologie de l’ICOM pour les musées, Paris, 2006, p. 3.)

 

Aux origines d’une collection

« L’esprit de l’objet le pousse à revenir chez lui. » (François MAIRESSE)

Les collections conservées et présentées sur le site du Bois du Cazier à Marcinelle trouvent leur origine dans la création le 13 mai 1986, par la Ville de Charleroi et de l’entreprise Cockerill Sambre, de l’asbl Archéologie Industrielle de la Sambre (AIS), ainsi qu’à l’ouverture deux ans plus tard, en septembre 1988, d’un musée consacré à l’industrie ayant trouvé place dans les anciennes Forges de la Providence à Marchienne-au-Pont.

Dans un premier temps, la politique d’acquisition mise en place avait pour but de compléter et d’enrichir les collections in situ qui consistaient principalement en une forge industrielle et son équipement. Le fait pour l’association de désormais avoir, grâce au musée, « pignon sur rue » suscita dans la foulée de nombreuses collaborations et propositions de dons qui contribuèrent à compléter et enrichir de manière substantielle les collections.

Depuis, l’ensemble des objets en place et rassemblés au cours des années et des opportunités ont rejoint le site du Bois du Cazier à Marcinelle pour constituer la base du Musée de l’Industrie intégré au projet de requalification de l’ancien charbonnage. Deux machines à vapeur entraînant pour l’une un laminoir et pour l’autre une dynamo, une toronneuse, des machines-outils, des outils de forge, un skip de haut fourneau, deux locomotives de manœuvre, diesel et à vapeur, des moteurs électriques, ou encore un tramway… sont représentatifs du tour de force que représenta ce déménagement exceptionnel.

Depuis ce transfert des activités de l’association, les collections ont à la fois pris une nouvelle direction ainsi qu’une autre dimension. En effet, une de leurs facettes ayant désormais pour objet le Bois du Cazier et la catastrophe du 8 août 1956 en particulier, et l’industrie houillère en général, s’est développée de manière conséquente.

Développement d’une collection

Toujours d’actualité, la politique d’acquisition et d’enrichissement des collections mise en place dès les débuts de l’association répond à l’objet social tel que défini dans les statuts originels (Art. 3 – alinéa 1), à savoir « la sauvegarde, la promotion et l’étude du passé industriel, économique et social de l’arrondissement de Charleroi ».

Et les mêmes statuts de préciser la nature des artefacts à privilégier : « L’association s’attache à la conservation et à la mise en valeur des vestiges industriels particulièrement significatifs pour une meilleure compréhension de l’évolution du milieu humain, social, culturel et économique régional. Ces vestiges peuvent être des bâtiments, des installations industrielles, des machines et objets, des photographies, des documents iconographiques, des archives ». A cette liste, il convient aussi d’ajouter les œuvres d’art dont le sujet épouse notre champ d’investigation.

Dans cette politique, sont évidemment privilégiés les dons et les dépôts à long terme. Cependant l’achat se justifie quand, par exemple, l’opportunité d’acquérir un objet intrinsèquement intéressant, permettant de compléter une collection ou de réparer un objet déjà en notre possession, se présente. En effet, dans un domaine tel que l’archéologie industrielle, les objets devenant de plus en plus rares, et dès lors recherchés et faisant parfois l’objet de spéculations, la possibilité de les acquérir ne se présente souvent qu’une seule fois. Le vieil adage populaire, « l’occasion faisant le larron », étant plus que jamais d’actualité.

La priorité est accordée dans les acquisitions à tout objet, ou document, qui concerne le Bois du Cazier, ainsi que l’industrie lourde du Pays de Charleroi pris dans un sens large (charbonnages, usines sidérurgiques, verreries, constructions mécaniques et électriques, etc.). Des acquisitions d’une nature autre sont directement liées à l’évolution de la scénographie des différents espaces muséaux, ou à la thématique d’expositions temporaires.

De par la rareté aujourd’hui des vestiges industriels et l’urgence des situations que l’on rencontre, il est également courant de devoir sauver de la destruction des pièces qui, l’on sait pertinemment bien, « dormiront » un temps certain avant de pouvoir faire l’objet d’une étude, d’une restauration, voire d’une présentation.

Et c’est là, qu’interviennent les réserves ! A l’échelle des « trésors » qu’elles renferment, celles-ci offrent actuellement une superficie totale au sol de 700 m² se répartissant comme suit : 500 m² pour les pièces lourdes et volumineuses, 50 m² pour le petit matériel.

Les derniers 150m² sont consacrés aux archives dont la conservation, l’étude et la mise à disposition auprès des chercheurs et d’un public, tant éclairé qu’intéressé, participent pleinement à notre politique de mise en valeur du patrimoine industriel que nous nous sommes assignée.

Car n’oublions pas que le socle matériel sur lequel repose cette volonté de préservation n’est autre que la « mémoire papier » du Pays Noir dont le contenu, constitué de documents administratifs, comptables, sociaux, techniques et iconographiques, nous permet, comme pour les machines, d’affiner, de compléter et d’enrichir ce qui est, et sera, présenté sur le site du Bois du Cazier. Le fait que ces archives proviennent de différentes entreprises qui ont porté bien haut la renommée du savoir-faire de la région et, dans la majorité des cas, constituent tout ce qui en reste, explique leur intérêt, leur pertinence et toute leur importance.